La deuxième édition des Quartiers du numérique a eu lieu le 15 octobre au CNAM de Paris. Cette année, nous avons eu le plaisir de voir le nombre de participants augmenter : environ 240 personnes étaient présentes. Co-organisé par L’Université Numérique et France Université Numérique, l’événement a mis en lumière des actions et des réflexions autour de la souveraineté dans la pédagogie numérique.
L’événement a été réussi et apprécié !
Ouverture des Quartiers du Numérique
La journée a débuté par l’intervention de Muriel Grosbois, administratrice-adjointe du CNAM en charge de la formation, et de Sophie Guichard, directrice nationale de l’appui à la pédagogie et à l’innovation. Le CNAM de Paris est un établissement pionnier en termes de pédagogie numérique. Il a porté le premier MOOC de FUN en 2013 et fait partie de ses membres fondateurs. Ces axes stratégiques pour 2025-2029 incluent l’accessibilité numérique, la ludopédagogie et l’intelligence artificielle. Le CNAM propose 685 formations dans une logique de formation tout au long de la vie et compte plus de 56 000 inscrits.
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Actualités de L’Université Numérique et de France Université Numérique
La journée s’est poursuivie avec une intervention d’Ollivier Haemmerlé, directeur de France Université Numérique (FUN) et président de L’Université Numérique (L’UN). Il a présenté les actualités de ces deux acteurs clés du numérique pour la pédagogie dans l’enseignement supérieur.
L’Université Numérique
Dans le cadre de FUN-Ressources, un nouveau parcours de formation en anglais a été créé sur les parcours types de L’Université Numérique. Ces parcours ont été consultés 4 fois plus souvent en 2024 par rapport à 2023.
Début 2025, L’Université Numérique et France Université Numérique ont travaillé avec la DGESIP (Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle) pour créer un espace de partage de ressources consacrées à l’usage de l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur et une série de webinaires ponctuels proposés ensuite en replay sur Canal U.
L’offre d’accompagnement à l’hybridation des formations et des enseignements est en plein développement, avec une augmentation significative du nombre d’ateliers, webinaires et cafés pédagogiques proposés aux établissements français, ainsi que plusieurs coopérations internationales.
Enfin, L’Université Numérique fait converger les sites de certains de ses membres pour proposer des interfaces homogènes. Les mises en ligne sont prévues début 2026.
France Université Numérique
La plateforme FUN connaît une dynamique renouvelée avec une reprise de la création de MOOC et une augmentation des sessions diffusées (55 sessions de formation professionnelle prévues pour 2025). Le trafic reste majoritairement francophone. Il s’étend progressivement à l’international, en particulier en Afrique et en Amérique du Nord.
La formation professionnelle devient un axe stratégique de FUN porté par le projet Digital FCU qui a déjà généré 600 ventes et 220 000 € de chiffre d’affaires. Plus largement, FUN se positionne comme plateforme nationale pour la diffusion et la commercialisation des micro-certifications de l’enseignement supérieur.
Lancée en 2024, l’offre FUN Premium continue de s’étoffer. Parallèlement, une transition technologique majeure est conduite : migration d’AWS vers un cloud souverain et un datacenter labellisé et public, mise en place d’un annuaire unifié avec SSO pour 2,4 millions de comptes, et remplacement à venir de Microsoft 365 par Partage. L’année est également marquée par l’adoption d’une nouvelle charte graphique, le déploiement d’un outil de learning analytics et la création d’un univers de marque consacré aux compétences numériques et à la préparation à PIX.
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Table Ronde – Souveraineté en matière d’outils numériques
En fin de matinée, Sophie Pène a animé une table ronde sur la souveraineté en matière d’outils numériques. La discussion a tourné autour des enjeux d’une souveraineté numérique au service de l’enseignement supérieur et de la recherche, avec des intervenants engagés sur le sujet :
- Nicolas Martignoni, Coordinateur de la communauté francophone des utilisateurs de Moodle depuis 2003, professeur de mathématiques et d’informatique au Collège Sainte-Croix à Fribourg et formateur d’adultes indépendant,
- Xavier Mailhos, Expert Numérique dans l’ESR, Conseiller numérique à la DGESIP, Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche,
- Lucie Jacquet-Malo, Coordinatrice du programme IA de l’Institut Mines Télécom, cheffe de projet IA génératives souveraines pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche,
- Pierre-Alain Muller, Président de l’Université de Mulhouse en charge du numérique à France Universités.
La France et l’Europe sont dépendantes des technologies et des infrastructures numériques développées par des entreprises étrangères, cela pose des problèmes de souveraineté, de sécurité et de contrôle de nos données. La souveraineté numérique implique une capacité à maîtriser ses propres outils, infrastructures et données pour permettre de protéger ses intérêts économiques mais aussi politiques et sociaux. Plusieurs pistes sont mises en avant comme le développement de technologies européennes de soutien à la recherche et à l’innovation, la mise en place de réglementations adaptées et la promotion de l’open source et de la mutualisation. Pourtant, soutenir la souveraineté numérique est un vrai défi qui nécessite des réponses coordonnées, notamment au niveau de l’Europe, et des prises de position communes permettant de renforcer cette position face aux géants du numérique. Il est également essentiel de sensibiliser le public à ces enjeux.
Les éléments essentiels ressortis de cette table ronde sont :
- la mise en place de processus de choix technologiques tenant compte des impacts en termes de dépendance des institutions par rapport aux GAFAM ;
- la sécurité et la protection des données dans les environnements numériques éducatifs et institutionnels ;
- la mise en œuvre de pratiques souveraines et de dispositifs mutualisés entre établissements.
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Les sessions parallèles du matin
Session 1 : Les outils libres collaboratifs ou communautaires pour la pédagogie : présentation de MarioNum et LabNBook
Ici nous avons pu découvrir deux projets open source portés par des universités françaises. Ces deux plateformes favorisent la co-construction d’activités pour et avec les étudiants, en mutualisant des ressources, le suivi du travail et la production des étudiants. Le projet LabNBook a été présenté par Claire Wajeman, c’est un cahier numérique collaboratif qui est destiné aux activités expérimentales. Il a pour but de renforcer l’apprentissage des démarches scientifiques. Du côté de MarioNum présenté par Rushed Kanawati, il s’agit d’un cloud éducatif souverain qui héberge des salles de travaux pratiques virtuelles. Cette plateforme permet aux enseignantes et enseignants de créer des TP virtuels personnalisés, d’intégrer des ressources pédagogiques et de gérer des réseaux locaux de machines virtuelles. Ces deux projets mettent en avant le partage de ressources produites et permettent aux étudiants de devenir acteurs de leurs apprentissages.
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Session 2 : Gamification et souveraineté numérique : entre opportunités pédagogiques et enjeux stratégiques
Les échanges ont traité de la réinvention de l’apprentissage via le jeu. C’est un levier pour capter l’attention, stimuler l’engagement et transformer les pratiques pédagogiques. Il est important de faire la différence entre la gamification, aussi appelée ludification, et les jeux sérieux. L’un consiste à intégrer des éléments de jeu dans un environnement non ludique alors que le jeu sérieux est une transformation complète de l’outil pédagogique.
Des questions éthiques, techniques et financières ont été soulevées. Il y a notamment un risque de confusion entre le plaisir de jouer et le fait d’acquérir des compétences qui nécessitent cadrage et accompagnement avec des feedbacks continus. Les intervenants ont également noté qu’il est dommage que peu d’établissements mutualisent ce type de contenus.
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Session 3 : Vidéo éducative (VOD, live avec IA et classe virtuelle) et souveraineté
Après un panorama des outils de vidéos utilisés dans l’enseignement supérieur, les participants ont eu une présentation institutionnelle de Canal U, d’Esup-Pod et de l’outil de classes virtuelles et visioconférence BBB développé par la Direction du numérique pour l’éducation et mis à disposition des établissements d’enseignement supérieur par FUN. Ce temps a été suivi de démonstrations et d’échanges riches avec la salle.
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Session 4 : IA et pédagogie : enjeux, opportunités et souveraineté
Une discussion a eu lieu autour des défis posés par l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’éducation. Ceci soulève notamment des questions d’éthique mais aussi de biais algorithmiques et de protection des données. Les avantages de l’IA collectivement identifiés concernent la personnalisation de l’apprentissage, l’automatisation des tâches administratives et l’aide au développement de nouveaux outils pédagogiques. Concernant la souveraineté, il est important de maîtriser les technologies au niveau national et européen pour garantir une indépendance tout en gardant des valeurs éducatives. Les intervenants présents ont pu faire des démonstrations de leurs emplois de l’IA dans ce contexte, tout en présentant les avantages et les limites.
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Table ronde – mutualisation des contenus et du développement d’une logique de partage pour plus de souveraineté.
En début d’après-midi, Vincent Beillevaire, délégué général de la Fondation UNIT, et Émilien Sanchez, responsable de la formation professionnelle et directeur de projet chez France Université Numérique, ont animé une table ronde sur la mutualisation des contenus et le développement d’une logique de partage pour plus de souveraineté, avec des intervenants engagés sur le sujet :
- Pierre Boulet, vice-président numérique de l’Université de Lille en charge des mesures 9 et 10 (consacrées à l’éducation ouverte et aux ressources éducatives libres) du COREALE (stratégie numérique dans le supérieur) avec Luc Massou
- Nathalie Denos, responsable du déploiement de Pix dans l’enseignement supérieur, maîtresse de conférences à l’Université Grenoble Alpes
- Stéphanie Lagorce, cheffe du Pôle Accréditation, Conformité et Labellisation de la CGE
- Jérôme Legrix-Pagès, vice-président Innovation pédagogique de l’Université de Caen Normandie, président de FUN et d’Ikigaï
Lors de cette table ronde, les quatre experts ont mis en avant l’importance de la mutualisation et du partage dans le renforcement de la souveraineté numérique. Ces logiques permettent de garantir robustesse et indépendance, même si elles impliquent des défis pour les gouvernances et la coordination des initiatives allant dans ce sens.
Les intervenants ont donné des exemples concrets de dispositifs mutualisés ayant abouti, ainsi que les leçons tirées de ces expériences. Il a également été rappelé qu’il est essentiel que les pouvoirs publics soutiennent ce type de démarches en promouvant et en valorisant la mutualisation et la production de communs.
Les éléments essentiels ressortis de cette table ronde sont :
- Repenser les modèles économiques et les infrastructures numériques
- Organiser des actions de formation et de sensibilisation pour les personnels
- Mettre en place la standardisation et l’interopérabilité des ressources créées
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Les sessions parallèles de l’après-midi
Session 5 : Comment les acteurs français de l’IA vont transformer la production pédagogique ?
Durant ce temps, les intervenants ont présenté des initiatives françaises dans le domaine de l’intelligence artificielle, en examinant l’impact que peuvent avoir ces initiatives notamment sur la production de ressources pédagogiques. L’Intelligence artificielle peut améliorer l’efficacité et l’innovation, en offrant une vision prospective de l’avenir de la production de contenus. Des questions éthiques et sociétales ont également été soulevées.
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Session 6 : Mutualiser pour co-produire des dispositifs souverains
L’objectif de la session était d’analyser les modèles collaboratifs, les modes de gouvernance, et les enjeux de souveraineté institutionnelle et technologique à travers des exemples concrets de dispositifs mutualisés regroupant de nombreux établissements d’enseignement supérieur partenaires. Les participants ont pu découvrir l’analyse de ces modèles collaboratifs aux modes de gouvernances distincts mais tous collaboratifs et amenant des décisions partagées. Que ce soit dans le DAEU Sonate, le dispositif de développement des compétences en français écri+ ou le projet NumériSup, les réflexions, décisions et productions sont communes. Cette mutualisation apparaît comme une force et est facilitateur des usages et de l’essaimage des différentes réalisations.
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Session 7 : Droit d’auteur et souveraineté
Cet atelier a exploré les enjeux du droit d’auteur et de la souveraineté numérique dans l’enseignement supérieur à travers des cas d’étude concrets : utilisation de Moodle, enregistrement de cours, recours à l’IA pour générer des QCM, réutilisation d’annales et publication de contenus sous licence libre. Ces exemples ont permis d’illustrer les questions clés : qui détient les droits ? Quelles sont les limites de l’exception pédagogique ? Quels risques posent les outils numériques externes ? Comment choisir une licence pour maîtriser sa réutilisation ? Les intervenants ont accompagné les participants dans leurs réflexions en se fondant sur des exemples venant du terrain. Les échanges nourris ont ouvert de véritables pistes de travail et de clarification sur la maîtrise des droits d’auteur et la souveraineté numérique dans le milieu universitaire.
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Session 8 : Francophonie et souveraineté linguistique
La souveraineté linguistique francophone à l’ère du numérique a été au cœur des échanges en montrant comment elle se construit par les usages. Les outils et la diversité des locuteurs ont également été abordés. Les intervenantes et intervenants ont mis en lumière des initiatives variées, allant du Dictionnaire des Francophones aux logiciels libres, en passant par les politiques éducatives et les ressources multilingues. Leurs exemples et discussions ont permis de souligner l’importance des coopérations internationales et la nécessité d’une adaptation des technologies aux contextes locaux, notamment en Afrique. Ensemble, ils ont dessiné des pistes pour un avenir du français fondé sur le plurilinguisme, l’innovation numérique et l’engagement des communautés.
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Clôture et remerciements
Ollivier Haemmerlé a échangé avec Benjamin Leperchey, adjoint au directeur général de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, concernant les initiatives et perspectives d’avenir du numérique pour la pédagogie dans l’enseignement supérieur.
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